Rôle des variants APOL1 dans la survenue des complications drépanocytaires - 22/05/17
Résumé |
Introduction |
Les variants G1 et G2 du gène APOL1 confèrent une résistance à la trypanosomiase chez les Africains. Il a été démontré qu’ils augmentaient le risque de néphropathie glomérulaire chez des porteurs du VIH ou des hypertendus. Un rôle péjoratif sur la néphropathie drépanocytaire (ND) a récemment été rapporté chez des drépanocytaires Américains. Nous avons étudié l’impact de ces variants sur l’atteinte rénale drépanocytaire, mais également sur les autres complications de la maladie, chez des patients d’origine africaine.
Patients et méthodes |
Tous patients drépanocytaires adultes vus consécutivement en consultation dans deux centres Franciliens étaient génotypés pour le gène APOL1. La ND était évaluée par le débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe) par la formule CKD-EPI, les ratio microalbuminurie et protéinurie/créatininurie. Les complications aiguës et chroniques drépanocytaires étaient recueillies. L’association statistique entre chaque variable et les variants d’APOL1 était déterminée grâce à un test exact de Fisher pour les variables qualitatives et un test de Wilcoxon pour les variables quantitatives. Nous avons également testé l’association entre les variants d’APOL1 et les variations du DFG et de la fuite protéique urinaire en fonction de l’âge en utilisant un modèle linéaire mixte. Une correction prenait en compte, dans cette analyse, le génotype drépanocytaire, l’utilisation d’hydroxyurée, IEC ou de sartan.
Résultats |
Cent cinquante-deux drépanocytaires d’âge médian 30,4 ans (IQR 24,3–36,4), dont 118 SS ou S-bêta thalassémiques (78 %), étaient inclus. Dix (7 %) des patients étaient porteurs des polymorphismes homozygotes ou double-hétérozygotes d’APOL1 (G1/G1, n=3 ; G2/G2, n=1 ; G1/G2, n=6) et 52 patients (34 %) étaient hétérozygotes. En comparant les variables recueillies à la dernière visite du patient, les patients avec variants homozygotes ou double-hétérozygotes d’APOL1 avaient plus souvent une atteinte rénale terminale (IRT) comparés aux drépanocytaires ayant le gène sauvage (30 % vs 1 %, p<0,001). Aucune autre complication chronique de la drépanocytose n’était associée à ces variants dans cette analyse transversale. Dans l’analyse longitudinale, prenant compte l’âge de survenu de la néphropathie, les variants homozygotes ou double-hétérozygotes G1 et G2 étaient significativement associés à une apparition plus précoce d’une baisse du DFGe (p=0,008), de la protéinurie (p=0,009) et de l’albuminurie (p<0,001). Comparé au variant APOL1 G1/WT, le variant hétérozygote APOL1 G2/WT était associé avec une altération plus précoce du DFGe (p=0,045) et une évolution plus rapide vers l’IRT (p=0,052).
Discussion |
Notre étude confirme, pour la première fois dans chez des patients drépanocytaires d’origine africaine, le rôle néfaste des variants homozygotes ou doubles hétérozygotes d’APOL1 sur la ND. Ces variants ont pour conséquence une apparition plus précoce et une évolution beaucoup plus grave de la néphropathie.
Notre étude apporte également deux éléments nouveaux : le tropisme purement rénal de ce modificateur génétique et le pronostic rénal défavorables du polymorphisme hétérozytoge G2/WT par rapport au G1/WT.
Conclusion |
La détermination systématique des variants d’APOL1 chez le patient drépanocytaire pourrait être utile pour offrir un suivi rénal plus régulier et optimiser le traitement néphroprotecteur chez les patients homozygotes ou doubles hétérozygotes. La question de l’allogreffe de moelle peut se poser chez ces patients drépanocytaires vu le pronostic rénal sombre.
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Vol 38 - N° S1
P. A66 - juin 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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